Lettre ouverte à la présidence de l’Université de Lille : la plainte visant des étudiant·es et enseignant·es en lutte contre la précarité, la réforme des retraites et la LPPR doit être retirée !
Vendredi 8 novembre 2019, Anas, 22 ans, s’immole devant le CROUS de Lyon pour dénoncer la précarité dans laquelle il vit. Dans le message expliquant son geste, il écrit :
« J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy, et l’UE de m’avoir tué. »
Le mardi suivant une conférence de François Hollande est prévue à l’Université de Lille. Une centaine d’étudiant·es et de personnels solidaires se mobilisent et la venue de celui qu’Anas nommait comme responsable de son geste est annulée. Cette action s’inscrit également dans un contexte local très difficile, où - par exemple - des étudiant·es doivent vivre dans des résidences CROUS insalubres et envahies par les cafards [1].
Nous apprenons aujourd’hui qu’une dizaine d’étudiant·es ainsi que des collègues enseignant·es ayant participé à cette action et mobilisés dans la lutte en cours contre la réforme des retraites sont convoqués par la police. Ces convocations font suite à des plaintes déposées par l’Université, par un agent de l’Université, et par la préfecture.
Les premières convocations ont eu lieu le matin du 6 février, jour de manifestation nationale et interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Il s’agit pour la police et le gouvernement (l’un des plaignant étant la préfecture) d’utiliser ces plaintes afin d’intimider des étudiant·es et enseignant·es qu’ils ont identifiés comme « leaders » syndicaux et politiques. Il s’agit de les faire taire et de les dissuader de participer aux mobilisations en cours contre la précarité, la réforme des retraites et la LPPR. Il s’agit, via la répression policière et judiciaire, d’affaiblir le mouvement social dans son ensemble.
Il est inadmissible que - plutôt que de répondre à leurs revendications légitimes - la présidence ait décidé de déposer plainte, au nom de l’Université, contre des étudiant·es et collègues ayant participé à une action collective dans le cadre d’une lutte sociale. Il est inadmissible que - via cette plainte - l’équipe présidentielle soutienne l’intimidation et la répression du mouvement social contre la réforme des retraites et la LPPR, alors même que certain·es membres de l’équipe prétendent être engagés contre ces lois et participent aux manifestations.
Nous, travailleur·ses du numérique de l’Université de Lille (enseignant·es et chercheur·ses en informatique, personnels BIATSS, étudiant·es), membres du collectif onestla.tech, demandons le retrait immédiat de la plainte déposée par la présidence et l’abandon de toutes éventuelles procédures disciplinaires internes (par ordre alphabétique):
- BEAUFILS Bruno, enseignant-chercheur en informatique, Université de Lille, IUT “A”
- BLONDELLE Nathalie, développeur/webmestre, Direction des systèmes d’information, Université de Lille
- BOGUCKI Thomas, technicien informatique, Université de Lille, Direction des systèmes d’information
- DJAMENT Aurélien, chargé de recherche du CNRS au laboratoire Paul Painlevé, Université de Lille
- DUNGLAS Kévin, enseignant vacataire en informatique, Université de Lille, FIL
- HAUSPIE Michaël, enseignant-chercheur en informatique, Université de Lille, IUT “A”
- HEBERT Grégoire, enseignant vacataire en informatique, Université de Lille, FIL
- LHOUSSAINE Cédric, enseignant-chercheur en informatique, Université de Lille, IUT “A”
- LIMASSET Antoine, chargé de recherche CNRS, Université de Lille, laboratoire Cristal, équipe Bonsaï
- LOSSON Olivier, enseignant-chercheur en informatique, Université de Lille, Département EEA, Laboratoire CRIStAL
- MARCHET Camille, enseignant vacataire en informatique en informatique, Université de Lille, FIL
- MARQUET Philippe, enseignant-chercheur en informatique, Université de Lille
- MARVIE-NEBUT Mirabelle, enseignante-chercheuse en informatique, Université de Lille
- NAIT ABDELAZIZ Moussa, directeur du département mécanique de Polytech’Lille, Université de Lille
- PERICHON Renaud, Ingénieur, Université de Lille, Faculté de Médecine
- PREUX Alain, enseignant-chercheur en informatique, université de Lille, IUT “B”
- REDON Xavier, enseignant-chercheur en informatique, MCF Polytech’Lille, Université de Lille
- SECQ Yann, enseignant-chercheur en informatique, Université de Lille, IUT “A”
- SIBILLE Jérémie, administrateur système, Université de Lille, Direction des systèmes d’information
- SILVESTRI Renaud, retraité de l’Université de Lille
- SUQUET Charles, enseignant-chercheur (retraité) mathématiques Université de Lille, retraité
- WEGRZYNOWSKI Eric, enseignant-chercheur en informatique et de mathématiques, Université de Lille
Cette lettre est également signée par :
- BORY Anne, maître de conférences, Clersé, Université de Lille
- CHARBONNIER Sébastien, enseignant-chercheur en philosophie de l’éducation, Université de Lille
- DEMOLIN Marie-Paule, BIATSS, Université de Lille
- DUBUISSON Aurélien, enseignant-chercheur en histoire, Université de Lille
- DESAGE Fabien, enseignant-chercheur en science politique, Université de Lille
- ELOIRE Fabien, enseignant-chercheur en sociologie, Université de Lille
- FARDOUX Olivier, maître de conférences en droit privé et sciences criminelles, Faculté des Sciences Juridiques Politiques et Sociales, Université de Lille
- FLECHER Claire, ATER en sociologie, Université de Lille
- GUICHETEAU Samuel, formateur à l’Inspe de Nantes
- HAUTE Tristan, enseignant vacataire, méthodes quantitatives en science politique, Université de Lille / FSJPS
- HAYEM Judith, maître de conférences en anthropologie, FSES, Université de Lille
- HELALI Asma, maître de conférences, Université de Lille
- HERLIN-GIRET Camille, CNRS, CERAPS, Université de Lille
- JLUC Martineau, maître de conférences en histoire, INALCO
- KRZYWKOWSKI Isabelle, professeure de littérature générale et comparée, Université Grenoble Alpes
- LEBRUN Nathalie, enseignante-chercheure en physique, Université de Lille
- LESOUEF Anne, BIATSS, Université de Lille
- MACCHI Yves, maître de conférences en espagnol, UFR LLCER, Université de Lille
- MAZEL Claude, maître de conférences en informatique, Université Clermont-Auvergne
- PALHETA Ugo, maître de conférences en sciences de l’éducation, Université de Lille
- RANGEL VICENTE Montserrat, maîtresse de conférences en linguisitique espagnole, Université de Lille
- ROBIN Paul, Doctorant Moniteur en Philosophie, Université de Lille
- SCHOTTÉ Manuel, PU à la FSES, chercheur au Clersé (UMR 8019)
- SOUANEF Karim, maître de conférences en sociologie, Université de Lille
- STETTINGER Vanessa, maîtresse de conférences en sociologie, Université de Lille / CeRIES
- STIJEPIC Hana, BIATSS, Université de Lille
Si vous travaillez à l’Université de Lille et souhaitez signer cette lettre, envoyez-nous un mail à onestlatech@protonmail.com.
[1] Pour comprendre ce que signifie être étudiant·e précaire à l’université de Lille, lire ces articles de Mediapart et de la Voix du Nord :
« Il y a des cafards partout, cela m’est déjà arrivé qu’ils tombent sur moi pendant que je dors, j’en retrouve même dans mes provisions »
« Hier, il y en avait tellement dans le couloir qu’on n’osait plus y aller. »
« À cela s’ajoutent des douches collectives fermées ou à la porte cassée, des sanitaires bouchés, des plaques de cuisines qui ne fonctionnent pas toujours et une globale vétusté des lieux. »
Villeneuve-d’Ascq Un an après, qu’est devenue la pire résidence universitaire du Nord-Pas-de-Calais ? (La Voix du Nord) et Fuites d’eau et cafards : plongée dans un « ghetto » du Crous (Mediapart)