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Toutes et tous dans la rue contre la réforme des retraites !

Non à la surveillance globale

« Soyez fiers d’être des amateurs » déclarait Emmanuel Macron aux députés LREM le 11 février 2020.

Cet amateurisme, assumé par le président et sa majorité, qui faisait leur fierté, ne fonctionne plus. C’est désormais l’exercice d’un pouvoir de plus en plus autoritaire et violent qui leur permet d’imposer leurs idées. Cet autoritarisme et cette violence sont pourtant niées jusqu’aux plus hauts niveaux :

« Ne parlez pas de répression et de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit » disait encore Emmanuel Macron le 7 mars 2019

« Quand j’entends le mot violences policières, je m’étouffe » déclarait Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, le 29 juillet 2020

Pourtant, cette dérive autoritaire et ces violences policières on les a tous vues, et parfois subies directement. L’année dernière nous avons pris position contre la réforme des retraites. Un mouvement social qui a subi une répression violente, rarement vue sous la Ve République. Nous avons dû faire face à un maintien de l’ordre qui cherchait à nous dissuader de revenir à la manifestation suivante. L’année précédente c’était celle des gilets jaunes, là encore on découvrait un nouveau degré de violences policières avec le préfet Lallement et ses “Brigades de répression de l’action violente motorisée” (BRAV). Et on pourrait continuer à remonter les mouvements sociaux précédents (Loi Travail, Nuit Debout) pour prendre du recul et se rendre compte de cette escalade de violence.

Et c’est dans ce contexte que surgit cette proposition de loi “Sécurité globale”. L’article 24 de ce texte, un des plus emblématiques de la loi, permettra de condamner à une amende et à de la prison toute personne diffusant des images de policiers ou de gendarmes dans le but de leur porter atteinte physiquement ou psychiquement. Le gouvernement défend qu’il n’y a aucune atteinte au droit de filmer la police, une version pourtant contestée par un collectif d’avocats. Les premiers visé·e·s par cet article seront les journalistes indépendants dont certains sont déjà clairement la cible de policiers radicalisés. On pense notamment à Taha Bouhafs; régulièrement attaqué par des syndicats policiers et la fachosphère, à Rémy Buisine, qui ne peut quasiment plus couvrir une manifestation sans prendre de coups de la part des forces de l’ordre et à tant d’autres sans qui nous ne pourrions savoir ce qu’il se passe dans les manifestations. Le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a d’ailleurs publié un communiqué dont le titre est sans ambiguïté : La France piétine la liberté de la presse

L’article 21 vise à changer la loi pour que les vidéos des caméras embarquées ne soient plus, comme actuellement, stockées sur les caméras pour être visionnées plus tard mais envoyées directement sur des serveurs. A partir de là, il n’y a qu’un pas à franchir pour automatiser le traitement de ces images, en temps réel, et en ayant recours entre-autres à la reconnaissance faciale. Il faut également rappeler que la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) avait autorisée le port de caméra embarquée dans un cadre strict, que cet article vise à modifier.

L’article 22 quant à lui vise à donner un cadre légal à l’utilisation de drones. Pratique devenue courante ces dernières années, pourtant parfaitement illégale d’après le Conseil d’Etat. Un recours devant le tribunal administratif de Paris a d’ailleurs été déposé par la Quadrature du Net. Les drones militaires ont beaucoup à nous apprendre sur les risques liés à l’autorisation de drones policiers. Au départ, simples caméras embarquées, les drones militaires sont maintenant devenus de gigantesques collecteurs de données chronogéograhiques (représentation dans le temps et l’espace). Les militaires ont ensuite détourné les travaux de Torsten Hägerstrand ce qui leur a permis d’élaborer des modèles mathématiques (patterns en anglais) visant à détecter de façon automatique des comportements dits suspects. Les américains allant jusqu’à abattre certaines personnes sur les prédictions de ces même modèles. On peut donc légitimement se poser la question de la pertinence de cette autorisation et de ses dérives possibles. On peut également craindre une généralisation de la surveillance par drones des quartiers populaires, véritables laboratoires des politiques sécuritaires et policières, et craindre l’arrivée de drones policiers offensifs armés de gaz lacrymogènes ou même de Lanceurs de Balles de Défense (LBD).

Cette proposition de loi été adoptée en première lecture après un débat bâclé qui s’est terminé à 5h du matin dans la nuit du 20 au 21 novembre 2020. Dès le lendemain, des milliers de personnes se sont rassemblées pour dénoncer les atteintes à nos libertés qu’elle va instituer. La semaine suivante (28 novembre 2020) plus de 100 appels à rassemblements et manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes à travers toute la France. Nous y avons vu une convergence des luttes : associations, syndicats, journalistes, mouvements des quartiers populaires, gilets jaunes et simples individus s’opposant à ces dérives autoritaires. Malgré les peurs légitimes liées au risque sanitaire, et alors que le mouvement social n’a pas encore mobilisé toutes ses forces, les rues et les places sont déjà pleines pour s’opposer à cette proposition de loi.

Comme nous l’avons fait pour la réforme des retraites, nous sommes déjà mobilisé·e·s et continuerons à l’être jusqu’au retrait de cette loi. Nous vous invitons donc à vous joindre à ce mouvement qui est en cours et à participer aux nouvelles manifestations qui auront lieu ce samedi 5 décembre.